Après
la Somme et un séjour dans la région de Nancy à la fin de 1916, Udalric Viet
combattit au Chemin des Dames. Son bataillon se trouvait en réserve de la 2ème
vague d’assaut avec une avancée prévue pour le 17 avril 1917, second jour de l’offensive
Nivelle, du ravin de Madagascar vers Moussy puis dans le secteur du bois du Paradis,
à l’ouest de Cerny-en-Laonnois. Il note bien la présence de nombreux cadavres
français et allemands mais juge la progression satisfaisante. Il découvre lors
d’une reconnaissance une galerie allemande qu’il décide d’explorer pistolet au
poing : il trouve deux Allemands qui font la cuisine et qui se rendent,
offrant cigare et alcool aux Français ! Ensuite, il participe à la seconde
offensive, le 5 mai, vers Braye-en-Laonnois et la tranchée du Havre, puis le
lendemain au bois du Drapeau. Malgré des pertes sévères, le bataillon a tenu
les tranchées conquises. Il est proposé pour la médaille militaire puis il
rejoint la Lorraine, à la fin de 1917, avec son bataillon (à Flirey). Ensuite,
il est nommé dans le secteur de Verdun, aux carrières d’Houdremont, où il
supervise la construction de tranchées. Là, il découvre un abri effondré et ses
occupants momifiés qui tiennent encore des cartes à jouer dans leurs mains… En
février 1918, il est intoxiqué par les gaz et soigné à l’hôpital. Après une
permission à Amiens où il retrouve sa famille, il est encore engagé contre les
Allemands, à partir du 9 juin 1918, dans l’Oise, à Mairy. Il est encore
intoxiqué et il est muté dans le 6ème Régiment de Tirailleurs
Algériens le 26 juillet. Les derniers combats le mènent dans l’Oise et dans l’Aisne
(voir article du 11 novembre 2014).
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Udalric Viet, porte-drapeau à Metz en 1930 |
Après
le 11 novembre 1918, Udalric Viet est envoyé en Hongrie puis en Turquie. Il ne
revient en France qu’en 1921. Il est affecté dans divers régiments et notamment
au 26ème RI de Nancy. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, il
est nommé capitaine au 223ème RI. La Drôle de Guerre se passe en
patrouilles le long de la Ligne Maginot. Puis, en juin 1940, c’est la retraite
vers les Vosges où le régiment se rend à Bru. Udalric est interné dans un camp
d’officiers (OFLAG) à Nuremberg puis dans un autre à Hammelburg. Il demande son
rapatriement pour raison de santé mais comme celui-ci tarde, il feint d’être
malade puis tente de s’évader avec un officier alsacien. Les deux évadés sont
repris mais Udalric obtint son retour en France.
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Udalric Viet devient officier de la Légion d'Honneur en 1939 à Nancy, place Carnot. |
Il
poursuit alors sa carrière comme officier de chancellerie. Les renseignements
viennent désormais de documents du Ministère de la Défense que Paul Viet a
recopiés : devenu adjoint du général Delestraint, il entre dans la Résistance dès 1941,
dans le réseau Gallia et assure des transmissions entre la France Occupée et
Londres. Il montre encore son courage en détruisant une voiture de détection
radio allemande ! Il aide aussi les réfractaires du STO, les aide à passer la ligne de démarcation et recrute pour
les FFI de l’Ain. A la Libération, il est commandant local des FFI puis
réintègre l’armée régulière. Ces actions lui valent la croix de guerre
1939-1945 avec palme. Muté à Marseille, Udalric Viet prend sa retraite en 1950
après 37 ans d’armée !
Udalric Viet est resté fidèle à son corps d'origine, les chasseurs à pied. Ces derniers formaient des unités d'élite, regroupées en bataillons et non en régiments, dont l'insigne était le cor de chasse (que l'on voit sur les cols des uniformes ou le casque). Les hommes qui entraient dans les BCP (bataillons de chasseurs à pied) étaient de petite taille (Udalric mesurait 1 m 61) et animés d'une forte combativité et d'un fort esprit de corps. Toujours en 1ère ligne, bons tireurs, les chasseurs à pied s'illustrèrent lors de la Grande Guerre. Curieusement, les BCP n'avaient qu'un drapeau unique qui passait d'unité en unité à tour de rôle. Udalric Viet présenta ce drapeau, déchiqueté, lors d'une cérémonie à Metz en 1930. De même, ses carnets s'intitulaient à l'origine "Quatre années de guerre sous l'uniforme chasseur" et s'achèvent par son transfert, en juillet 1918, dans un régiment de tirailleurs algériens. Même s'il servit dans divers régiments d'infanterie (le 26ème et le 223ème), Udalric Viet resta marqué par son engagement dans les chasseurs à pied, tout comme son frère Paul. Son état d'esprit ("l'esprit chasseur") le démontre: il est de tous les combats, charge les Allemands à la baïonnette en 1914, juge les combats satisfaisants (même l'offensive Nivelle au Chemin des Dames...) et se montre peu sensible aux pertes subies par ses unités successives et à ses propres blessures. Combattre était sa vocation.
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Chasseurs à pied en 1914 |
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La présentation du drapeau des chasseurs à pied par Udalric Viet à Metz, le 28 mai 1930. |
Travail
collectif de la classe 601 L/ES