dimanche 25 janvier 2015

UDALRIC VIET DU CHEMIN DES DAMES À LA RÉSISTANCE 1917 – 1944

Après la Somme et un séjour dans la région de Nancy à la fin de 1916, Udalric Viet combattit au Chemin des Dames. Son bataillon se trouvait en réserve de la 2ème vague d’assaut avec une avancée prévue pour le 17 avril 1917, second jour de l’offensive Nivelle, du ravin de Madagascar vers Moussy puis dans le secteur du bois du Paradis, à l’ouest de Cerny-en-Laonnois. Il note bien la présence de nombreux cadavres français et allemands mais juge la progression satisfaisante. Il découvre lors d’une reconnaissance une galerie allemande qu’il décide d’explorer pistolet au poing : il trouve deux Allemands qui font la cuisine et qui se rendent, offrant cigare et alcool aux Français ! Ensuite, il participe à la seconde offensive, le 5 mai, vers Braye-en-Laonnois et la tranchée du Havre, puis le lendemain au bois du Drapeau. Malgré des pertes sévères, le bataillon a tenu les tranchées conquises. Il est proposé pour la médaille militaire puis il rejoint la Lorraine, à la fin de 1917, avec son bataillon (à Flirey). Ensuite, il est nommé dans le secteur de Verdun, aux carrières d’Houdremont, où il supervise la construction de tranchées. Là, il découvre un abri effondré et ses occupants momifiés qui tiennent encore des cartes à jouer dans leurs mains… En février 1918, il est intoxiqué par les gaz et soigné à l’hôpital. Après une permission à Amiens où il retrouve sa famille, il est encore engagé contre les Allemands, à partir du 9 juin 1918, dans l’Oise, à Mairy. Il est encore intoxiqué et il est muté dans le 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens le 26 juillet. Les derniers combats le mènent dans l’Oise et dans l’Aisne (voir article du 11 novembre 2014).


Udalric Viet, porte-drapeau à Metz en 1930


Après le 11 novembre 1918, Udalric Viet est envoyé en Hongrie puis en Turquie. Il ne revient en France qu’en 1921. Il est affecté dans divers régiments et notamment au 26ème RI de Nancy. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, il est nommé capitaine au 223ème RI. La Drôle de Guerre se passe en patrouilles le long de la Ligne Maginot. Puis, en juin 1940, c’est la retraite vers les Vosges où le régiment se rend à Bru. Udalric est interné dans un camp d’officiers (OFLAG) à Nuremberg puis dans un autre à Hammelburg. Il demande son rapatriement pour raison de santé mais comme celui-ci tarde, il feint d’être malade puis tente de s’évader avec un officier alsacien. Les deux évadés sont repris mais Udalric obtint son retour en France.


Udalric Viet devient officier de la Légion d'Honneur en 1939 à Nancy, place Carnot.

Il poursuit alors sa carrière comme officier de chancellerie. Les renseignements viennent désormais de documents du Ministère de la Défense que Paul Viet a recopiés : devenu adjoint du général Delestraint, il entre dans la Résistance dès 1941, dans le réseau Gallia et assure des transmissions entre la France Occupée et Londres. Il montre encore son courage en détruisant une voiture de détection radio allemande ! Il aide aussi les réfractaires du STO, les aide à passer la ligne de démarcation et recrute pour les FFI de l’Ain. A la Libération, il est commandant local des FFI puis réintègre l’armée régulière. Ces actions lui valent la croix de guerre 1939-1945 avec palme. Muté à Marseille, Udalric Viet prend sa retraite en 1950 après 37 ans d’armée !

Udalric Viet est resté fidèle à son corps d'origine, les chasseurs à pied. Ces derniers formaient des unités d'élite, regroupées en bataillons et non en régiments, dont l'insigne était le cor de chasse (que l'on voit sur les cols des uniformes ou le casque). Les hommes qui entraient dans les BCP (bataillons de chasseurs à pied) étaient de petite taille (Udalric mesurait 1 m 61) et animés d'une forte combativité et d'un fort esprit de corps. Toujours en 1ère ligne, bons tireurs, les chasseurs à pied s'illustrèrent lors de la Grande Guerre. Curieusement, les BCP n'avaient qu'un drapeau unique qui passait d'unité en unité à tour de rôle. Udalric Viet présenta ce drapeau, déchiqueté, lors d'une cérémonie à Metz en 1930. De même, ses carnets s'intitulaient à l'origine "Quatre années de guerre sous l'uniforme chasseur" et s'achèvent par son transfert, en juillet 1918, dans un régiment de tirailleurs algériens. Même s'il servit dans divers régiments d'infanterie (le 26ème et le 223ème), Udalric Viet resta marqué par son engagement dans les chasseurs à pied, tout comme son frère Paul. Son état d'esprit ("l'esprit chasseur") le démontre: il est de tous les combats, charge les Allemands à la baïonnette en 1914, juge les combats satisfaisants (même l'offensive Nivelle au Chemin des Dames...) et se montre peu sensible aux pertes subies par ses unités successives et à ses propres blessures. Combattre était sa vocation.




Chasseurs à pied en 1914


La présentation du drapeau des chasseurs à pied par Udalric Viet à Metz, le 28 mai 1930.



Travail collectif de la classe 601 L/ES



mercredi 14 janvier 2015

UDALRIC VIET EN ALSACE ET DANS LA SOMME (1915-1916)

La Bataille d’Alsace en 1915



Après son séjour à Lisieux, Udalric Viet remonte en ligne en Alsace avec le 120ème BCP récemment formé. Les combats se déroulent dans les Vosges au Westein puis au col Sainte Marie, des sites difficiles en raison de la neige, de la pente et de la forêt. Ensuite, l’objectif principal des Français est de prendre le sommet du Linge, tenu par les Allemands. Dès la première attaque, malgré le soutien de l’artillerie, les pertes des Français sont sérieuses en raison des mitrailleuses. La progression pour atteindre le sommet du Linge est difficile, des tranchées sont détruites, des cadavres allemands gênent la circulation, les blessés sont nombreux. La nuit du 25 juillet est longue, les soldats combattent encore et il y a encore beaucoup de morts et de blessés. Grâce à une préparation sérieuse de l’artillerie, les soldats reprennent l’attaque le 26 juillet 1915 et atteignent leur objectif. Malheureusement Udalric est atteint par l’explosion d’un blockhaus allemand. Il doit passer la nuit sous les débris, et blessé, il est dirigé en mulet vers un poste de secours à Bruyères. Il est ensuite hospitalisé à Marvejols, accueilli dans un château appartenant à la marquise de Chambrun. Il y passe un agréable séjour avec des soins efficaces. Il reçoit sa croix de guerre le 19 septembre 1915 lors d'une grande cérémonie qui se tient sur la place principale.

Léa LHEUREUX, Angélique GONZALEZ-GARCIA, Emilie SIMONIN (601)





Udalric Viet décoré de la Croix de Guerre


 La Somme en 1916

Après son séjour à Marvejols, Udalric Viet est dirigé vers la Somme. La bataille de la Somme débute pour lui le 11 juillet 1916 près de Hardecourt: la division d'Udalric Viet relève le 1er  Bataillon du 146ème R.I. Les Français déclenchent un tir de barrage à l'aide de canons de 75 afin de détruire partiellement les positions allemandes. En effet, Udalric Viet, lors d’une reconnaissance, va se confronter à des barbelés qui vont déchirer son uniforme. Le lendemain, le capitaine De Rohan est tué, son corps est ramené par un sous-officier  de la compagnie. Udalric est chargé d'une mission par son commandant ; il doit se rendre chaque soir aux emplacements d'arrivée du convoi apportant les repas.

Le 17 Juillet, les troupes françaises sont surprises par des tirs de l’artillerie allemande, suivis par une pluie d'obus... Udalric est encore blessé par l'explosion d'un obus, mais légèrement, le 19 juillet au Bois d'Haricourt et il refuse d'être évacué. Les attaques se succèdent : le 20 juillet 1916, les chasseurs à pied prennent la tranchée du Calvaire au prix de lourdes pertes, le 9 août, ils avancent encore et s’emparent de nombreux prisonniers et canons. Udalric est chargé de fouiller les prisonniers allemands en récupérant leurs armes car un officier allemand a tiré sur un chasseur à pied. Cet officier a été abattu et son corps est placé sur le bord de la tranchée où il servira de poteau pour le fil du téléphone…


Udalric Viet en 1915-1916


Le bataillon est relevé le 21 août et ne reprendra le combat que le 2 novembre en se rendant au ravin de Maurepas, à la tranchée des Négottins. Le temps a changé : il pleut beaucoup et la boue est épaisse et gluante. La progression des Français est stoppée : les soldats sont épuisés, la boue envahit tout, les Allemands bombardent les positions françaises continuellement. Le 19 novembre 1916, près de Sailly-Saillissel, Udalric est touché à la hanche par un éclat d’obus qui a emporté dans la plaie des fragments de sa boîte de masque à gaz. Il est évacué vers un poste de secours. Il rencontre, sur la route, une ambulance automobile anglaise, conduite par une Canadienne, qui le mène à l’hôpital de Bray-sur-Somme. Là, il sera choyé par sa Canadienne et bien soigné par un médecin anglais. Il est ensuite en convalescence à l'hôpital d'Amiens.



Amara CAMARA et Lucas DELLA CHIESA (601)



vendredi 9 janvier 2015

La Bataille de Belgique ou des Frontières: la première bataille d'Udalric Viet 8 août – 25 août 1914

Le 8 août 1914, Udalric Viet quitte son cantonnement et se dirige vers la Belgique, il traverse MONTMEDY puis la frontière à Othe. Le 21 août, celui-ci se dirige vers SOMMETHONE et le 22 août, il passe à BELLEFONTAINE et s’achemine vers le premier combat. Avec son régiment, il traverse des champs et rencontre une fusillade. Ils prennent la formation de combat sous les signes du capitaine (petites colonnes largement espacées), leurs armes à la main et progressent lentement; leurs artillerie prend position derrière eux et entre en action. Udalric Viet arrive sur une crête couverte d’une fumée blanche, baïonnette au canon : « cela commence à devenir sérieux ». Les coups de canons s’enchaînent mais leur position reste finalement calme. Tout à coup celui-ci entend les clairons du 120eme régiment d’infanterie qui sonne la première charge qui accompagne une contre attaque. Il n’a pas de notion de l’heure et entend toujours les mêmes bruits (fusillades entrecoupées de sonneries de clairon). Une sonnerie éclate à droite, c’est l’assaut!!! Les Allemands semblent surpris de la rapidité de leur intervention, les balles sifflent. Udalric et son régiment abandonnent le pas de charge et abordent les Allemands au milieu de la fumée. Sous la violence du choc la ligne ennemie plie pour enfin reculer. Udalric donne son  premier coup de baïonnette, l’allemand crispe sa main sur le fusil et s’effondre. Ses camarades lui diront, plus tard, qu’il était pâle: « il y avait de quoi ». Les tirs de l’artillerie ne ralentissent pas, des tireurs prennent leur position à genoux et ouvrent le feu à volonté. A midi rien ne se passe, ils marchent lentement dans des champs de blés autours de cadavres des deux camps et de blessés qui demandent à boire, les balles continuant de siffler autour d’eux. Tout à coup Udalric ressent un choc brutal à la nuque puis tombe sur le côté, figure contre le sol: « j’ai l’impression que l’on me verse de l’eau tiède dans le cou, ma main droite est couverte de sang ». Il essaie de se débarrasser d’une partie de son équipement (sac et musette) et celui-ci s’aperçoit qu’il a reçu une balle dans le haut du dos. Il est hors combat, il reste à terre: « je ne suis pas solide, j’ai perdu beaucoup de sang, j’ai une soif terrible et plus d’eau ». Le lieutenant TOURET passe près de lui, lui aussi blessé à la main, il s’assoit et lui demande de lui faire un pansement à la main, mais un obus de faible calibre éclate à proximité de leur groupe. Udalric est frappé du côté droit mais heureusement l’éclat est stoppé par sa cartouchière, ce qui lui coupe la respiration. Le lieutenant TOURET, lui, est grièvement touché. Udalric se débarrasse de sa cartouchière et reste allongé à terre, il est rejoint par Clairon le chien de la compagnie lui aussi blessé. Ils restent tout deux pendant plusieurs heures dans la même position. Mais il décide de ne pas abandonner, il se relève et marche à travers les cadavres et blessées pour rejoindre le poste de commandement. Il passe la nuit du 22 au 23 août dans une ferme pour être conduit dans l'église de HAGE, où  il est  nettoyé (celui ci était couvert de terre et de sang coagulé) et soigné, on le badigeonnera de teinture d'iode et on bandera sa poitrine et son dos. Udalric est ensuite transporté à MONTMEDY sur la place où se trouvent d'autres blessés. Le 24 août il prendra alors son premier repas depuis le 21 août. Puis il sera acheminé dans un wagon de marchandises avec d'autres soldats blessés et il se rendra à la gare de SEDAN et reprendra un autre train pour REIMS puis PARIS où à chaque arrêt lui et les autres soldats sont acclamés par la population et où des cigarettes et des gâteaux leurs sont distribués.
Il finira par débarquer à LISIEUX le 25 août au matin où il sera dirigé vers l’hôpital temporaire n°29.




Udalric Viet en 1914


Ce récit de bataille est le plus long du carnet. Il montre bien les conditions de combat en août 1914: l'armée française va à la rencontre des Allemands en Belgique et les soldats partent à la recherche de l'ennemi à travers les champs. L'assaut se fait encore au clairon et à la baïonnette. C'est avec cette arme qu'Udalric tue son premier Allemand. L'artillerie est aussi importante: Udalric entend des détonations et les échanges d'obus. Enfin, Udalric reçut deux blessures lors de cet engagement: une balle dans le dos, puis un éclat d'obus. Il doit se rendre lui-même au poste de secours alors qu'il a perdu beaucoup de sang et la prise en charge des blessés est longue. Les médecins utilisent pour désinfecter ses blessures de la teinture d'iode, seul moyen efficace pour nettoyer les plaies. Enfin, il est évacué vers l'arrière et arrive à l'hôpital de Lisieux trois jours après le combat...


Marie Labouré , 601




LES BLESSURES D'UDALRIC VIET

Uldaric Viet a été blessé 9 fois lors des combats entre août 1914 et octobre 1918: il a eu 3 blessures par obus (éclats), une par balle, une série de contusions liée à son ensevelissement en Alsace en 1915 (le blockhaus qu’il attaquait a explosé et Udalric s’est retrouvé sous les débris) et 4 fois par intoxication au gaz en 1918, entre février et octobre. Ce dernier type de blessure correspond bien à la période durant laquelle les Allemands utilisent massivement les gaz (75% DES OBUS ALLEMANDS SONT DES OBUS A GAZ à cette époque) pour gêner la vision des soldats qui possèdent un masque à gaz, pénible à porter au bout d’un moment. On remarque aussi les blessures par éclat d’obus : ce fut le rôle de l'artillerie qui a provoqué 70% des morts de la Grande Guerre.

Une lettre écrite par sa femme, le 17 janvier 1941, souligne qu'Udalric souffrit de séquelles de ses blessures : la balle reçue en août 1914 ne fut jamais extraite et il devait éviter tout amaigrissement en suivant un régime spécial; ses intoxications par gaz provoquèrent des troubles nécessitant plusieurs hospitalisations après 1918 (notamment en 1919 à Constantinople) et il souffrit aussi de grandes fatigues et de douleurs rénales liés aux contusions multiples reçues lors de la Grande Guerre.


Le carnet montre aussi l'évolution de la prise en charge des blessés lors de la guerre: en 1914, les services de santé sont débordés par l'afflux massif de blessés. Après, dès 1915, Udalric constate les progrès dans les évacuations et les soins reçus malgré le fait que le blessé doit rejoindre lui-même le poste de secours sur le champ de bataille. En Alsace, il est évacué par mulet vers l'hôpital (1915), dans la Somme (1916), une infirmière canadienne le prend en charge dans son ambulance automobile. Les salles des hôpitaux sont très propres et les infirmières attentionnées, pour les soins et les repas,  de même que les personnes qui "offrent" leurs demeures aux blessés de guerre comme la marquise de Chambrun.




Amara Camara et Lucas della Chiesa (601)