mercredi 3 décembre 2014

LA VIE D' UDALRIC VICTOR ARMAND VIET.


Il est né le 30 avril 1894 à Fismes (dans la Marne), il est le fils d'Auguste Viet et de Marie Amanda Lecomte, domiciliés à Sedan (dans les Ardennes près de la Belgique).

Son dossier militaire, conservé à Fontainebleau, dans les archives de l'ordre de la Légion d'honneur, donne une courte description de son apparence: Ses cheveux étaient de couleur châtain clair, ses yeux étaient de couleur gris bleu, son front était bombé, son nez rectiligne, sa forme de son visage était ovale et il mesurait 1 m 61 cm. Les photos du carnet permettent de bien voir son aspect physique.


Udalric Viet en 1914 (photo publiée dans le tableau d'honneur de l'Illustration)
Udalric Viet vers 1950

Il s’est engagé le 11 septembre 1913 à Sedan dans l'armée française et il est monté en grade jusqu’à la fin de sa carrière, passant de caporal à lieutenant-colonel. De plus, il a vécut à Nancy (au 74 de la rue Raymond Poincaré) lorsqu’il servait au 26ème RI dans les années 1930, et il a combattu lors de la Seconde Guerre Mondiale en 1940 dans les Vosges. Fait prisonnier puis libéré, il a fait la  Résistance et devient officier dans les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur).

Après 1945, il est nommé à Marseille où il achève sa carrière en 1950. Il meurt le 8 novembre 1961 à Bourg en Bresse (Ain).

Enfin, il n'a pas fait son service armé uniquement en France mais il est aussi parti en Hongrie ainsi qu'à Constantinople en 1919-1920.

Sa carrière a été très longue (1913-1950), marquée par deux Guerres Mondiales,  de nombreux combats et de nombreuses blessures (9 en 14-18 dont deux le même jour), et une volonté continuelle de se battre pour la France puisqu’il fut encore décoré pour faits de résistance. Sa carrière fut aussi reconnue par des pays étrangers car il fut décoré de la Distinguished Conduct Medal et de la Military Medal par les Anglais en raison de la bataille de la Somme et de l'ordre de la couronne de Yougoslavie, et son dossier militaire mentionne aussi l'ordre russe de Saint-Stanislas qui n'est pas évoqué dans le carnet. 

Par contre, on sait très peu de choses sur sa vie privée : sur certaines photos, on le voit en compagnie d’une femme car il a été marié comme le mentionne une lettre de 1941 qui évoque madame Viet, vivant au 74 de la rue Raymond Poincaré à Nancy, et qui occupait un poste important à la croix rouge. Peut-être était-ce Berthe Viet, mentionnée par une citation pour la croix de guerre en 1947 en raison de ses services au sein de cet organisme ? On ne sait pas s’il a eu des enfants; une carte pour la confirmation mentionne une Anne-Marie Viet mais rien ne précise son lien de parenté avec Udalric.


Udalric Viet en compagnie d'un officier étranger


Udalric Viet en famille dans les années 1930

Udalric Viet dans un parc à Nancy

Udalric Viet lors d'une confirmation dans les années 1930



Angélique GONZALEZ - GARCIA et Emilie SIMONIN (601 L)

samedi 29 novembre 2014

PAUL VIET: UNE BIOGRAPHIE


État civil et signalement

Paul Viet est né le 17 octobre 1897 à Fismes, département de la Marne. Il est le fils de Louis Paul  Auguste Viet et de Marie Amanda Lecomte domiciliés à Sedan, département des Ardennes.

Paul Viet en 1916 ou 1917 en uniforme de chasseur à pied

Il est donc le frère cadet d’Udalric à qui il était fortement attaché.

Son dossier militaire comporte plusieurs renseignements comme:
- Sa profession: employé de commerce (en 1915).
- Une description physique: cheveux : châtains, yeux: gris, front: moyen, nez : ordinaire, visage : ovale, taille : 1m70.

Paul Viet, qui faisait partie de la classe 1917, fut d'abord convoqué au conseil de révision, à la mairie du 6ème arrondissement de Paris (il habitait au 21 rue Mayet), le 12 mai 1915, mais il fut ajourné, comme l'indique un certificat établi à Nantes le 24 août 1915. 











Paul Viet fut convoqué de nouveau le 26 mai 1916, à Paris, à la mairie du 4ème arrondissement, et il prépara ensuite un brevet d'aptitude militaire en se formant auprès des sapeurs-pompiers; brevet qui lui fut accordé grâce à ses bonnes notes le 10 juillet 1916. Paul Viet est alors incorporé dans les chasseurs à pied le 8 août 1916, au 18ème BCP, à la grande joie de son frère aîné. 















Un chasseur à pied courageux

Paul Viet devient chasseur de 1ère classe le 12 décembre 1916. Une lettre datée du 20 septembre 1917, écrite par le capitaine Roussel du 44ème BCP, annonce l’incorporation de Paul dans cette nouvelle unité (incorporation officielle dès le 6 septembre 1917),  au grand contentement d’Udalric qui connaissait bien ce capitaine, qui promet aussi de veiller sur Paul. 






Ce dernier fit aussi une campagne militaire glorieuse au sein du 44ème BCP en tant que mitrailleur. On en connaît les détails grâce à une citation à l'ordre du bataillon, transcrite sur un "carton" à l'emblème du 44ème BCP puis sur un diplôme décoré, accordée en raison des combats des 28 et 29 mars 1918, lorsque le bataillon combattait dans l'Oise près de Montdidier.








« CITATION A L'ORDRE DU BATAILLON DU 8 AVRIL 1918
Le commandant Pasquier du 44ème  bataillon de chasseurs à pied  cite à l'ordre du bataillon.
Nom et prénoms : VIET Paul
Grade : chasseur de 2° classe
Numéro matricule : 9132

MOTIF DE LA CITATION

Mitrailleur dévoué et brave. A fait preuve d'énergie et de sang-froid pendant les opérations des 28 et 29 mars 1918. »

Cette citation lui vaut la croix de guerre. Paul Viet envoya aussi à son frère Udalric, le 18 août 1918, un morceau de toilage d'un avion allemand, provenant sans doute d'une épave.






D’autres photos montrent Paul Viet en tenue de chasseur à pied et posant avec des prisonniers de guerre allemands dans un village détruit. Sans doute ont-elles été prises lors des opérations du 44ème BCP à Genvry-Sénicourt (Oise), le 3 septembre 1918, mentionnées par un document : le bataillon s’empara d’un village fortifié par les Allemands et fit de nombreux prisonniers. 






Néanmoins, sur ces photos, Paul Viet semble porter un grade et commande visiblement le groupe de soldats; donc les photos dateraient peut-être de 1919.


Paul Viet, à droite, dans un village en ruine. A gauche des prisonniers allemands

Paul Viet, au centre, avec des camarades et un prisonnier allemand à sa droite


En effet, au début de 1919, Paul Viet suivit une formation de sous-officier à la ferme de Bouy, près de Reims : il apprit comment organiser un assaut, l’utilisation des armes etc. Ses papiers contiennent des copies d’examen qui montrent son sérieux et son talent de dessinateur avec des croquis très détaillés d’armes réalisés de mémoire car, dans une des questions de l'examen, il fallait dessiner l'arme avec l'explication de son fonctionnement . Il étudia aussi la construction des tranchées, la cartographie, les formations de combat de l'infanterie, des tanks, l'utilisation des pigeons etc.



Un canon portatif de 37 mm et une mitrailleuse allemande Maxim dessinés par Paul Viet


Fusil-mitrailleur Chauchat modèle 1915 dessiné par Paul Viet





Très bien noté, il est apte au commandement le 26 mars 1919 : « élève intelligent et très travailleur, bonne instruction primaire, commandement très énergique, fera un excellent sous-officier chef de section ».






Trois copies d'examen de Paul Viet (dernières pages)










Il est nommé caporal le 2 avril 1919 puis sergent le 4 mai. Il se rengage en août 1919 pour six mois. Mais Paul Viet, qui devient sergent dans les chasseurs alpins, met fin assez rapidement à sa carrière militaire. Il est démobilisé le 20 février 1920 après avoir reçu un certificat de bonne conduite du 13ème BCA le 1er février.





Chef de la comptabilité dans une usine de Sedan

Les autres documents ne le mentionnent qu’à la fin de sa carrière dans le civil : une note du 31 janvier 1959 venant de l’usine de Sedan du groupe Lorraine-Escaut annonce que

« Pour raison de santé Monsieur Paul Viet a dû prendre sa retraite après avoir fait sa carrière à notre société. »

Le directeur de l'usine remerciait Paul Viet pour les nombreuses années passées dans cette usine et pour les services qu'il avait rendus. Il était remplacé dans l’usine par un nouveau chef de la comptabilité.








Paul Viet en famille dans les années 1950


Enfin, un document du 29 janvier 1963 lui demanda des précisions sur sa situation militaire pour l’attribution d’un complément de retraite, car sa date de démobilisation ne figurait pas dans son livret militaire. Paul Viet fit alors établir un certificat de position militaire.





Ce sont les dernières informations que nous avons trouvées sur Paul Viet dont nous ignorons la date de décès. On sait peu de choses sur sa vie privée : son extrait de naissance mentionne qu'il se maria le 14 avril 1925 avec Augustine Elise Berthe Malherbe à Wadelincourt, un document mentionne aussi madame Berthe Viet, née Alnuzlinus, membre des FFI, citée à l’ordre de la division en février 1947 pour son courage au service de la Croix Rouge mais il s'agit probablement de la femme d'Udalric Viet. D’autres photos montrent Paul Viet plus âgé avec des enfants et des membres de sa famille. A la fin de sa vie, il habitait à Longwy (Meurthe-et-Moselle), 2 avenue de la Liberté. Il resta fidèle aux chasseurs à pied car ses papiers contiennent des programmes de cérémonies liées à ce corps datant de la fin des années 1940; cérémonies auxquelles il participa sans doute.

Paul Viet a visiblement profité de sa retraite pour retranscrire les carnets de son frère Udalric, décédé en 1961.

Juliette JAMIN, Imène MEDJ MEDJ, Manel OUADDOU, Chloé CANTO (601 L)





dimanche 23 novembre 2014

COMMENT RETRANSCRIRE LE CARNET D’UDALRIC VIET ?

Comment est constitué le carnet ?

Il n'y a pas de reliure car le carnet n’a jamais été publié. Il semble que Paul Viet ait tenté de mettre le carnet au propre en le tapant à la machine mais le résultat a été peu satisfaisant : beaucoup d’erreurs de frappe, lignes inégales… Le carnet est donc composé de feuilles de dessin format A 4, épaisses et numérotées. Paul Viet a écrit le texte avec un stylo à bille utilisant de l'encre bleue.

Le nombre de pages : il y en a 75 en tout dont la couverture dessinée par Paul Viet et une page blanche. 10 pages comportent des photos (15 photos en tout) qui sont insérées dans la feuille par des fentes, comme pour les albums anciens. Ces photos sont des portraits d’Uldalric Viet à diverses époques (1914, 1916, 1919, années 1920-1930 et années 1950) et des cérémonies de remise de décoration à Marvejols, Constantinople, Metz, Nancy, Marseille, plus un drapeau de chasseur à pied enfermé dans un filet à cause de son état car déchiqueté durant la Grande Guerre.

La couverture comprend des dessins au crayon qui représentent un fusil Lebel avec un fanion dans le canon, des insignes des chasseurs à pied (un cor de chasse), des tirailleurs algériens (un fanion avec le croissant de lune et le chiffre 6) et des symboles lorrains (croix de Lorraine et chardon) plus une torche, une palme et des rameaux d’olivier symboles de gloire. Le titre du carnet est « Une belle carrière de soldat. Lieutenant-colonel U. Viet 1894-1961 »

La page 4 avec une cérémonie à Marseille en 1950


Le carnet couvre la période 1914 – 1950. La Première Guerre Mondiale prend une place importante dans le carnet (48 pages contre 5 pages pour la Seconde Guerre Mondiale). Plusieurs épisodes de la carrière d’Udalric Viet sont brièvement retracés comme le séjour en Turquie et en Hongrie.

La composition :

Page 2 : liste des décorations.
Page 4 : les blessures.
Page 5 : les citations.
Pages 8-9-10: positions et services.
Page 11 : le début du récit fin juillet 1914.
Pages 11-59 : la Première Guerre Mondiale.
Pages 60 - 65 : fin de la campagne 1914-1918, séjour en Orient et en Hongrie, guerre 1939-1945, la Résistance puis la retraite en 1950.
Pages 66 -73: pages comprenant des photographies.

On doit aussi noter que ce carnet se trouvait avec d'autres documents, ayant appartenu soit à Paul soit à Udalric Viet, contenus dans un classeur:
- Des objets datant de 14-18 comme un ruban de croix de guerre, des insignes de chasseurs à pied (cors de chasse en métal), une patte de col d'uniforme, un morceau de toilage d'un avion allemand donné à Udalric par son frère en août 1918, des rubans tricolores.
- Un journal de marche d'Udalric Viet de 1919.
- Des brouillons de la retranscription du carnet.
- Des documents administratifs ayant appartenu à Paul Viet (le dossier d'engagement dans les chasseurs à pied, ses copies de 1919 pour être sous-officier, des lettres pour sa retraite en 1959, des citations données par le régiment, des lettres de 1941 pour la Croix Rouge concernant Udalric Viet).
- Des journaux mentionnant Udalric Viet (tableau d'honneur de l'Illustration, journaux de tranchée comme le "120 court" ou "le bulletin désarmé").
- Des brochures traitant de cérémonies célébrées par les chasseurs à pied dans les années 1940-1950.
- Des photographies de famille où l'on voit Paul et Udalric Viet.
- Un portrait dessiné d'Udalric Viet.
- Le dossier militaire d'Udalric Viet venant des archives du Ministère de la Défense.
Cela permet de compléter les informations concernant la vie d'Udalric Viet.

Margaux NOVAK et Lucie REIGNIER (601 L)



 Comparaison entre le journal de marche d'Udalric Viet et le carnet retranscrit de Paul Viet.

Le carnet est une retranscription des carnets de guerre d’Udalric Viet par son frère Paul comme il est indiqué page 59 : « le récit qui précède a été tiré des carnets de route du lieutenant U. Viet ». Ces carnets ne figuraient plus dans la chemise contenant les papiers conservés par Paul Viet, qui comprenait toutefois un « journal de marche » original, allant de janvier à avril 1919, qui relate le départ du 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens, dans lequel Udalric Viet était lieutenant, du Nord de la France pour Marseille. Ce fragment permet une intéressante comparaison entre la retranscription et ce qu’avait pu être le document original écrit par Udalric Viet et il permet de voir comment Paul Viet a procédé pour sa retranscription.

Paul Viet a écrit avec un stylo à bille, avec de l'encre bleue, tandis qu'Udalric écrivait avec une plume d'acier ou un stylographe utilisant de l'encre noire.

Dans son « journal de marche », Udalric note les dates précisément contrairement à son frère qui écrit plus parcimonieusement. Ainsi les dates ne sont pas toutes recopiées, même si Udalric ne note pas les faits au jour le jour (les événements sont parfois regroupés par quinzaine), et des faits banals sont supprimés par Paul tandis qu’Udalric les mentionne (« 31 mars 1919 : rien de nouveau »).

De plus, la copie de Paul Viet est plus aérée tandis qu’Udalric écrivait sur des feuilles de petit format, avec une écriture serrée. Dans le journal d'Udalric il est courant de voir des citations, généralement de ses supérieurs, et des titres à chaque changements de situation : « nous quittons… ; nous changeons… ». Beaucoup d’abréviations sont utilisées dans le journal d'Udalric qui comporte aussi une liste d’officiers. 

Journal de marche d'Udalric Viet (4 - 22 avril 1919)
Malgré ces différences, le style d'écriture, très sobre, est similaire donc la retranscription est fidèle. Paul Viet a condensé les carnets en ne conservant que les faits les plus importants. Il a aussi composé une page de couverture avec des insignes militaires puis il a donné un titre « Une belle carrière de soldat. Lieutenant-colonel U. Viet 1894-1961 ». Le carnet contient quelques fautes d'orthographe, qui sont plus nombreuses dans le « journal de marche » (Paul a dû les corriger…) et il est agrémenté de photos. La retranscription s'arrête en juillet 1918 lorsqu’Udalric est nommé dans un régiment de tirailleurs algériens. La fin de la guerre est résumée en quelques lignes mais Paul Viet a conservé une feuille tapuscrite du récit original qui permet de combler la lacune pour novembre 1918. Le journal de marche comprend aussi quelques informations sur la fin de la guerre : Udalric Viet était le porte-drapeau de son régiment lors de son entrée à Noyon en août 1918 ; il avait de bons contacts avec les soldats indigènes qui « lui firent fête ». 



Le carnet retranscrit par Paul Viet 31 juillet - 4 août 1914

Léa LHEUREUX et Caroline RODHAIN (601 L)


La mise en page

Nous avons débattu sur le format que nous pouvions adopter pour retranscrire le carnet du poilu Uldalric Viet. Après avoir trouvé le format idéal, nous avons donc décidé de mettre la page retranscrite avec la page originale en vis-à-vis. C'était la solution trouvée pour la publication d'un autre journal de guerre, celui de Léon-Antoine Dupré, sous le titre Carnet de route d'un gosse des tranchées (2013) où l'on peut voir le manuscrit et sa retranscription pour plus de lisibilité.


                                    -44-                                                            



Une attaque est décommandée en raison
de l'état de la troupe.
Au moment où je quitte mon abri, un
obus explose touchant plusieurs chasseurs et me cou-
vrant littéralement de boue. Je suis aveuglé.

Un matin, le commandant me charge,
par message de vérifier le fonctionnement de la chaîne
de coureurs entre son PC et celui de la Brigade.
Le chasseur THIBAULT, qui m'est très dévoué,
m'accompagne.
A quelque distance du PC de la Brigade,
nous trouvons l'un de nos coureurs, grièvement blessé
et incapable de poursuivre sa mission.
Nous prenons le message et le portons
nous même, à destination en signalant la présence
de ce blessé grave.
En revenant vers le Bataillon, nous
sommes surpris par un tir de barrage extrêmement
violent. Pas  d'abri à proximité.
Je suis touché à la hanche. Le chasseur
qui m'accompagne m'aide à me relever puis à
gagner un PC proche d'où je fais téléphoner au Batail-
lon le résultat de ma mission et signaler l’état/





A gauche nous avons la page originale et à droite la page retranscrite (état actuel de la retranscription de la page 44). A quelques endroits, il fut un peu difficile de déchiffrer l'écriture mais nous avons décidé de retranscrire entièrement le carnet en utilisant la police de caractère Lucida Calligraphy. Nous avons choisi cette police car elle se rapproche le plus de l'écriture de Viet. Nous allons aussi reprendre le texte afin de voir la meilleure mise en page possible.


 Amara CAMARA, Lucas DELLA CHIESA, Alexia HEYMS (601 L)


mardi 11 novembre 2014

LE 11 NOVEMBRE 1918 D'UDALRIC VIET

Comment se déroula la fin de la guerre pour Udalric Viet ? 

Nommé sous-lieutenant en juillet 1918, il rejoignit le 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens le 19 août. A cette époque, les offensives allemandes sur Paris avaient été stoppées et les troupes alliées refoulaient les troupes ennemies vers la frontière belge. Les combats des derniers mois de la Grande Guerre furent terribles: les Allemands reculaient en bon ordre et se montraient toujours très agressifs, accrochant continuellement leurs poursuivants avec des tirs de mitrailleuses et d'artillerie. 


Udalric Viet à la fin de la Grande Guerre, dans sa tenue de sous-lieutenant du 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens


Udalric Viet constate que "les Allemands nous infligent des pertes sévères (3 colonels - 5 chefs de bataillon - 11 capitaines en quelques jours). Les lieutenants et les cadres du bataillon ont également souffert. Les tirailleurs ne sont pas épargnés non plus, le R.I. (Régiment d'Infanterie) fond tout doucement de telle sorte qu'en fin de combats je me retrouve en tête de bataillon avec un officier indigène LAGRA-CHAREF..."

Les Allemands emploient aussi massivement les obus à gaz pour ralentir les Français et Udalric Viet fut intoxiqué le 21 août 1918 devant Thiescourt-Cuvilly, dans l'Oise, près de Noyon. Rétabli peu après, il fut encore intoxiqué le 19 octobre 1918 à Renansart, dans l'Aisne, près de Saint-Quentin: ce fut sa neuvième blessure de guerre ! En novembre 1918, le 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens se trouvait encore dans la région de Noyon, près de Thiescourt-Cuvilly, région où il mènait de durs combats qui lui permirent de repousser les Allemands vers Hirson, non loin de la frontière belge. C'est dans la soirée du 8 novembre que cette unité fut relevée par le 11ème Régiment de Tirailleurs Algériens, alors en réserve. Ce fut le début de la tranquillité pour notre sous-lieutenant:

"Nous avons passé la nuit au bivouac, nous sommes dans les ruines des villages voisins de CUVILLY et THIESCOURT, nous avons dormi bien tranquillement, souvent un bruit de fusillade puis rien. Le calme dans la nuit, peu de fusées éclairantes, c'est la tranquillité même. Le nom des villages nommés plus haut devraient se dire clairement ex-village ou plutôt amas de ruines sur lequel il y avait jadis un village. ou Thiescourt ou Cuvilly..."

Le 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens s'installe alors à La Fère où Udalric Viet et ses hommes cantonnent le 10 novembre 1918 : "Nous sommes tellement fatigués que nous nous étendons sur la paille dans une pièce qui certainement a été jadis le salon d'un brillant officier d'artillerie. Nous nous endormons très rapidement et c'est au jour qu'un quart de café très fort réveille ceux qui auraient bien encore voulu dormir". 

C'est le matin du 11 novembre qu'Udalric Viet apprend la signature de l'Armistice : "la grande aventure est terminée".

L'Armistice de Rethondes.

La signature de l'Armistice dans la clairière de Rethondes, le 11 novembre 1918, marqua en effet la fin des hostilités mais on peut souligner plusieurs faits importants. Signé à 6 heures du matin, l'armistice fixait la fin des combats à 11 heures. Des soldats continuèrent à se battre ainsi pendant plusieurs heures dans la matinée du 11 novembre 1918 ! 

Environ 90 soldats français moururent ce matin-là, lors des combats localisés près de Sedan, dans les Ardennes, afin de forcer le passage de la Meuse. Le dernier fut Augustin Trébuchon, mobilisé en 1914, et qui reçut une balle dans la tête à 10 h 50 lorsqu'il allait porter le message pour le cessez-le-feu à son capitaine... Tous les morts du 11 novembre furent notés comme "morts pour la France" à la date du 10 novembre, afin de ne pas aggraver le chagrin des familles. Chez les Anglais, ce fut la même chose: le 11 novembre les soldats canadiens entraient à Mons, en Belgique, et les Allemands en tuèrent plusieurs lors d'accrochages dans la ville... Enfin, l'immense cimetière américain de Romagne sous Monfaucon, dans la Meuse, avec ses 14 246 tombes, comporte la tombe du soldat Henry J. Gollhardt, originaire de New York, tué aussi le 11 novembre 1918...


Le cimetière américain Meuse-Argonne à Monfaucon (Meuse)

En France, il est d'usage de porter un bleuet (en tissu ou sous la forme d'un badge) en commémoration de la Grande Guerre. Le bleuet était le surnom donné aux jeunes soldats de la classe 1915, et des suivantes, qui arrivaient au front avec la nouvelle tenue bleu horizon, qui faisait contraste avec la tenue bleue et rouge de "ceux de 14". Le bleuet, porté à la boutonnière, est une marque de respect à l'égard des combattants français de la Grande Guerre dont 1 394 000 moururent au combat. 


Carte postale française de 1915

Chez les Anglais, c'est le coquelicot (poppy) qui symbolise la Grande Guerre. Les soldats anglais, dans la Somme, avaient remarqué que le coquelicot arrivait à pousser sur les parapets des tranchées et cette modeste fleur devint celle des "Tommies" (surnom donné aux soldats anglais). Les "poppies" sont portés lors des cérémonies du 1er juillet qui commémorent le premier jour de la bataille de la Somme en 1916: 60 000 Anglais furent tués ou blessés lors de cette journée! Ils sont aussi portés ou déposés sur les sites militaires anglais (et français) lors du 11 novembre. 

Couronnes de poppies à La Boisselle (Somme) en 2008


On peut aussi noter deux derniers faits:
- Les fossés de la Tour de Londres ont été décorés avec plus de 888 000 coquelicots de porcelaine, chacun d'entre eux symbolisant un soldat anglais ou de l'empire britannique tué lors de la Grande Guerre. Ils ont été ensuite mis en vente pour 25 livres sterling chacun afin d'alimenter les finances d' oeuvres caritatives. Tous ont déjà été vendus!

La Tour de Londres le 13 octobre 2014 jour de la venue de la Reine.


A Londres, les cérémonies du 11 novembre se déroulent à Whitehall, au "Cenotaph", un grand mémorial.


The Cenotaph à Londres (octobre 2014)

- A la demande du roi d'Angleterre Georges V (grand-père de l'actuelle reine), chaque cathédrale de France possède une plaque commémorative en l'honneur des soldats britanniques tués en France. On peut en voir une à Nancy sur le pilier de gauche, en entrant.

Plaque commémorative anglaise à Notre-Dame de Paris (2012). Nous avons une plaque identique à la cathédrale de Nancy.



dimanche 9 novembre 2014

LES PAPIERS D'UDALRIC VIET

C'est lors d'une brocante à Nancy que je vis pour la première fois les papiers d'Udalric Viet, sous la forme d'un épais dossier formé par son frère Paul, ancien comptable dans une usine de Sedan. Ce dernier avait rassemblé une série de documents manuscrits, tapuscrits ainsi que des journaux anciens et quelques objets, comme des insignes militaires et même un morceau de toilage d'un avion allemand ! Surtout, Paul Viet avait tenu à rendre hommage à son frère en recopiant ses carnets, qui couvraient la période 1914 - 1918 et en y insérant des photos. Cette biographie fut rédigée sur du papier épais au stylo à bille, avec une encre bleue, et elle se poursuit avec un récit allant de 1919 à 1950, date de la retraite d'Udalric Viet. 


Dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre, il était intéressant de faire connaître ce document en le faisant travailler par les élèves de la 1ère L / ES 601. Les élèves, divisés en groupes, ont retranscrit le carnet et se sont intéressés à identifier les lieux où Udalric Viet avait combattu. Ce blog vous montrera leurs travaux.
Paul (à gauche) et Udalric Viet en 1919

Paul Viet (1897 - ?) en tenue de chasseur à pied en 1916
Udalric Viet (1894-1961) en 1914

Les deux frères, originaires de Fismes, près de Reims, ont tous les deux combattu dans des Bataillons de Chasseurs à Pied (B.C.P.). Udalric Viet était un militaire de carrière qui commença la guerre comme sergent et la termina comme sous-lieutenant dans un Régiment de Tirailleurs Algériens (R.T.A.). Paul entra dans les chasseurs à pied en 1916 et acheva sa carrière en 1920, préférant retourner à la vie civile tandis qu'Udalric poursuivit sa carrière jusqu'en 1950, atteignant le grade de lieutenant-colonel et la dignité de commandeur de la légion d'honneur. Les carnets originaux d'Udalric Viet n'étaient plus dans le dossier qui ne comprenait qu'un journal de marche original allant de mars à mai 1919 et qui permet d'intéressantes comparaisons avec la retranscription effectuée par Paul Viet.

Couverture de la biographie composée par Paul Viet

Carnet retranscrit d'Udalric Viet: la bataille des frontières en août 1914

Journal original d'Udalric Viet