mardi 11 novembre 2014

LE 11 NOVEMBRE 1918 D'UDALRIC VIET

Comment se déroula la fin de la guerre pour Udalric Viet ? 

Nommé sous-lieutenant en juillet 1918, il rejoignit le 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens le 19 août. A cette époque, les offensives allemandes sur Paris avaient été stoppées et les troupes alliées refoulaient les troupes ennemies vers la frontière belge. Les combats des derniers mois de la Grande Guerre furent terribles: les Allemands reculaient en bon ordre et se montraient toujours très agressifs, accrochant continuellement leurs poursuivants avec des tirs de mitrailleuses et d'artillerie. 


Udalric Viet à la fin de la Grande Guerre, dans sa tenue de sous-lieutenant du 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens


Udalric Viet constate que "les Allemands nous infligent des pertes sévères (3 colonels - 5 chefs de bataillon - 11 capitaines en quelques jours). Les lieutenants et les cadres du bataillon ont également souffert. Les tirailleurs ne sont pas épargnés non plus, le R.I. (Régiment d'Infanterie) fond tout doucement de telle sorte qu'en fin de combats je me retrouve en tête de bataillon avec un officier indigène LAGRA-CHAREF..."

Les Allemands emploient aussi massivement les obus à gaz pour ralentir les Français et Udalric Viet fut intoxiqué le 21 août 1918 devant Thiescourt-Cuvilly, dans l'Oise, près de Noyon. Rétabli peu après, il fut encore intoxiqué le 19 octobre 1918 à Renansart, dans l'Aisne, près de Saint-Quentin: ce fut sa neuvième blessure de guerre ! En novembre 1918, le 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens se trouvait encore dans la région de Noyon, près de Thiescourt-Cuvilly, région où il mènait de durs combats qui lui permirent de repousser les Allemands vers Hirson, non loin de la frontière belge. C'est dans la soirée du 8 novembre que cette unité fut relevée par le 11ème Régiment de Tirailleurs Algériens, alors en réserve. Ce fut le début de la tranquillité pour notre sous-lieutenant:

"Nous avons passé la nuit au bivouac, nous sommes dans les ruines des villages voisins de CUVILLY et THIESCOURT, nous avons dormi bien tranquillement, souvent un bruit de fusillade puis rien. Le calme dans la nuit, peu de fusées éclairantes, c'est la tranquillité même. Le nom des villages nommés plus haut devraient se dire clairement ex-village ou plutôt amas de ruines sur lequel il y avait jadis un village. ou Thiescourt ou Cuvilly..."

Le 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens s'installe alors à La Fère où Udalric Viet et ses hommes cantonnent le 10 novembre 1918 : "Nous sommes tellement fatigués que nous nous étendons sur la paille dans une pièce qui certainement a été jadis le salon d'un brillant officier d'artillerie. Nous nous endormons très rapidement et c'est au jour qu'un quart de café très fort réveille ceux qui auraient bien encore voulu dormir". 

C'est le matin du 11 novembre qu'Udalric Viet apprend la signature de l'Armistice : "la grande aventure est terminée".

L'Armistice de Rethondes.

La signature de l'Armistice dans la clairière de Rethondes, le 11 novembre 1918, marqua en effet la fin des hostilités mais on peut souligner plusieurs faits importants. Signé à 6 heures du matin, l'armistice fixait la fin des combats à 11 heures. Des soldats continuèrent à se battre ainsi pendant plusieurs heures dans la matinée du 11 novembre 1918 ! 

Environ 90 soldats français moururent ce matin-là, lors des combats localisés près de Sedan, dans les Ardennes, afin de forcer le passage de la Meuse. Le dernier fut Augustin Trébuchon, mobilisé en 1914, et qui reçut une balle dans la tête à 10 h 50 lorsqu'il allait porter le message pour le cessez-le-feu à son capitaine... Tous les morts du 11 novembre furent notés comme "morts pour la France" à la date du 10 novembre, afin de ne pas aggraver le chagrin des familles. Chez les Anglais, ce fut la même chose: le 11 novembre les soldats canadiens entraient à Mons, en Belgique, et les Allemands en tuèrent plusieurs lors d'accrochages dans la ville... Enfin, l'immense cimetière américain de Romagne sous Monfaucon, dans la Meuse, avec ses 14 246 tombes, comporte la tombe du soldat Henry J. Gollhardt, originaire de New York, tué aussi le 11 novembre 1918...


Le cimetière américain Meuse-Argonne à Monfaucon (Meuse)

En France, il est d'usage de porter un bleuet (en tissu ou sous la forme d'un badge) en commémoration de la Grande Guerre. Le bleuet était le surnom donné aux jeunes soldats de la classe 1915, et des suivantes, qui arrivaient au front avec la nouvelle tenue bleu horizon, qui faisait contraste avec la tenue bleue et rouge de "ceux de 14". Le bleuet, porté à la boutonnière, est une marque de respect à l'égard des combattants français de la Grande Guerre dont 1 394 000 moururent au combat. 


Carte postale française de 1915

Chez les Anglais, c'est le coquelicot (poppy) qui symbolise la Grande Guerre. Les soldats anglais, dans la Somme, avaient remarqué que le coquelicot arrivait à pousser sur les parapets des tranchées et cette modeste fleur devint celle des "Tommies" (surnom donné aux soldats anglais). Les "poppies" sont portés lors des cérémonies du 1er juillet qui commémorent le premier jour de la bataille de la Somme en 1916: 60 000 Anglais furent tués ou blessés lors de cette journée! Ils sont aussi portés ou déposés sur les sites militaires anglais (et français) lors du 11 novembre. 

Couronnes de poppies à La Boisselle (Somme) en 2008


On peut aussi noter deux derniers faits:
- Les fossés de la Tour de Londres ont été décorés avec plus de 888 000 coquelicots de porcelaine, chacun d'entre eux symbolisant un soldat anglais ou de l'empire britannique tué lors de la Grande Guerre. Ils ont été ensuite mis en vente pour 25 livres sterling chacun afin d'alimenter les finances d' oeuvres caritatives. Tous ont déjà été vendus!

La Tour de Londres le 13 octobre 2014 jour de la venue de la Reine.


A Londres, les cérémonies du 11 novembre se déroulent à Whitehall, au "Cenotaph", un grand mémorial.


The Cenotaph à Londres (octobre 2014)

- A la demande du roi d'Angleterre Georges V (grand-père de l'actuelle reine), chaque cathédrale de France possède une plaque commémorative en l'honneur des soldats britanniques tués en France. On peut en voir une à Nancy sur le pilier de gauche, en entrant.

Plaque commémorative anglaise à Notre-Dame de Paris (2012). Nous avons une plaque identique à la cathédrale de Nancy.